Sylvie Séchet, dit Sylile, 47 ans, est une toute jeune bordelaise.

Nous nous sommes rencontrées il y a deux ans, lors d’une conférence (les toutes premières auxquelles je participais) : celles de Miguel Bocquier et des Entrepreneurs évolutionnaires.

Nous avons parlé dix minutes, et nous nous sommes perdues de vue. Seuls les réseaux sociaux nous ont permis de maintenir un « lien ». Et puis, en fin d’année dernière, j’ai pensé à Sylvie pour nous rejoindre lors des sessions des Etincelles parisiennes. J’ai repensé au feeling que j’avais pu ressentir lors de ces dix minutes de discussion. Sylvie m’avait marquée. Je suis très heureuse qu’elle ait accepté ma proposition et que nous ayons pu faire mieux connaissance depuis.

C’est pourquoi j’avais envie de vous partager son récit, son parcours professionnel et la vision qu’elle porte sur sa nouvelle vie d’entrepreneure.

 

 

Peux-tu nous retracer les grandes lignes de ton parcours professionnel, jusqu’à ce jour ?

Après un bac scientifique, j’ai fait mes études en école de commerce, spécialisation marketing, ce qui m’a permis, après mon diplôme, d’exercer plusieurs postes en marketing et communication pour un organisme touristique et culturel britannique. J’y ai été entre autres attachée de presse, puis responsable de la marque et de la publicité.

Intriguée par le web au moment où c’était encore assez nouveau, j’ai ensuite rejoint un groupe international pour m’occuper de marketing digital, de contenus web, puis de référencement sur les moteurs de recherche. Bilingue anglais, je m’y occupais également de valider la qualité des traductions françaises des contenus web.

Il y a trois ans, j’ai choisi de quitter ce grand groupe pour explorer de nouvelles voies professionnelles.

 

 

 

 

Aujourd’hui, quelle est ton activité ? Auprès de qui travailles-tu ?

Après ce parcours en marketing, communication et digital pour des groupes internationaux, j’ai créé mon entreprise il y a deux ans autour de trois activités de transmission de contenus : la traduction, la formation et l’illustration.

En tant que traductrice, j’accompagne les maisons d’édition et les entreprises dans leurs projets d’adaptation d’ouvrages et de contenus de l’anglais vers le français . En tant que formatrice d’anglais professionnel, je transmets aux étudiants et aux experts du marketing, de la communication et du digital les compétences linguistiques dont ils ont besoin dans leurs fonctions actuelles ou futures. Enfin, en tant qu’illustratrice, ce sont les idées et contenus que je contribue à mettre en valeur ou à faire passer grâce à mes dessins.

Quelle a été ta motivation à te lancer en tant qu’indépendante ?

En quittant mon poste salarié, je ne savais pas exactement ce que j’allais faire ensuite mais je voulais que cette transition me permette d’explorer des voies professionnelles futures sans doute très différentes de mon parcours initial, une opportunité qui ne se représente pas un milliard de fois dans une vie. Or, il me paraissait évident qu’en postulant dans le salariat, l’approche des recruteurs serait de me proposer des postes proches de ceux que j’avais exercés auparavant.

Pendant mon année de réflexion sur les compétences que j’avais désormais envie de mettre en oeuvre, je me suis nourrie de beaucoup de livres et conférences et je me souviens très clairement d’un intervenant lors d’une conférence à laquelle j’assistais qui a souligné l’importance de se confronter assez tôt à la réalité des métiers qui nous tentaient car c’est en faisant qu’on pouvait vite sentir s’ils étaient ou non faits pour nous. J’ai trouvé ça hyper pertinent et créer mon statut d’indépendante m’est rapidement apparu comme un moyen de tester ma motivation, mon savoir-faire et ma crédibilité dans les métiers qui m’intéressaient.

Cela me permettait également de facturer des clients, c’est à dire de gagner en expérience et en références pour éventuellement après être crédible face à un futur recruteur. Enfin, interrogeant des professionnels de la traduction et de la formation notamment, lors d’un parcours d’accompagnement à la reconversion professionnelle, j’ai aussi vite réalisé que ces métiers étaient majoritairement exercés en indépendant. J’ai donc décidé de créer ma structure.

 

 

En tant qu’illustratrice et artiste, quel regard portes-tu sur l’entrepreneuriat ?

J’ai mis longtemps à me qualifier moi-même d’“entrepreneure”car j’avais une vision très stéréotypée de l’entrepreneuriat. Pour moi, entrepreneur rimait forcément avec leadership commercial, ambition financière, constitution d’équipe et levée de fonds, sans doute à cause de l’esprit start-up très présent depuis quelques années. Et, je ne sais pas pourquoi – j’ai presque honte de le dire –  cela m’évoquait inconsciemment quelque chose d’assez masculin dans lequel je ne me reconnais pas forcément.

Trois ans plus tard, j’ai la conviction qu’il existe autant d’approches de l’entrepreneuriat que d’entrepreneurs et entrepreneures. C’est d’autant plus frappant pour moi qui ai été obligée d’inventer mon propre cadre pour y faire cohabiter mes trois centres d’intérêt, y compris l’artistique. Au départ, je pensais qu’assumer publiquement mon statut d’artiste pouvait me décrédibiliser dans mes deux autres expertises (l’image de l’artiste perché, peut-être). Et bien en fait, je réalise que ça me donne en fait une certaine aspérité.

J’ai vraiment pris conscience, au fil des rencontres, des échanges et de ma propre expérience, qu’on ne peut pas réussir en empruntant le costume d’un autre. On ne fonctionne bien que si l’on envisage une approche de l’entrepreneuriat en accord avec sa personnalité, avec comment on veut travailler et qu’on assume son éventuelle singularité. La mienne c’est d’assumer d’être multiple, une “slasheuse” comme on dit.

Je n’échappe évidemment pas à la rationalité, à la planification, à la gestion – pour le fonctionnement et la rentabilité de mon entreprise – mais je reste curieuse, ouverte à la création, aux opportunités de tester de nouvelles choses, parce que ça nourrit ma créativité.

 

 

 

 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la vie professionnelle que tu mènes aujourd’hui ?

De pouvoir travailler autour de compétences et de centres d’intérêt qui me sont chers. La traduction me permet de nourrir ma curiosité intellectuelle et de pratiquer mon expertise rédactionnelle et linguistique. Lorsque je forme, je suis dans la transmission pédagogique, l’enthousiasme et l’accompagnement humain, une posture dans laquelle je suis à l’aise. Et l’illustration me permet de mettre en oeuvre mon goût pour la créativité et la réalisation artistique.

Ensuite, la flexibilité de mon emploi du temps et la diversité des clients propres à mon statut d’indépendante. C’est un choix qui n’est pas sans engagement, bien sûr ! C’est sûr que lorsque j’étais cadre salariée, je n’avais pas à me préoccuper de mon salaire du mois prochain. Mais cette flexibilité et cette diversité me sont plus précieuses que je n l’aurais imaginé au départ.

J’apprécie enfin beaucoup la diversité de mes environnements de travail : je peux être une matinée en salle de cours pour une session d’anglais de 3h devant des étudiants de Mastère 2 en école de commerce puis me concentrer dans un espace de co-working l’après-midi pour finaliser une traduction, ou m’installer dans un café avec mes carnets pour réfléchir à des idées d’illustrations pour un texte qu’on vient de m’envoyer par mail. Il y des gens que ça pourrait déstabiliser, moi ça me stimule !

 

 

Quels sont les challenges que tu as envie de relever cette année ?

Mes moteurs de développement sont presque toujours liés à l’envie et la curiosité de découvrir de nouveaux domaines. J’ai donc de nouveaux challenges en tête, en effet.

En matière de traduction, un de mes objectifs de cette année est de traduire des ouvrages d’arts graphiques. Qu’ils soient pédagogiques, documentaires ou de fiction, j’en suis une grande connaisseuse, en V.O comme en V.F (si vous voyiez ma bibliothèque !). Et il se trouve que je suis justement traductrice et artiste moi-même. Ce n’est pas beau ça ? 🙂

En ce qui concerne la formation, en parallèle de l’anglais, j’aimerais m’essayer à de nouveaux sujets pédagogiques. J’ai été engagée pour donner prochainement mon premier atelier de dessin à des professionnels en reconversion. L’idée ? Leur permettre d’expérimenter – avec plaisir et convivialité – l’élargissement de leur zone de confort et de se découvrir dans la pratique d’une activité de création. Ca m’intéresse beaucoup de développer ce type d’interventions.

Enfin en matière d’illustration, je continue l’illustration éditoriale (ouvrages) et de supports pédagogiques. J’ai toutefois un challenge depuis longtemps : celui de faire entrer le dessin dans l’entreprise. L’an dernier, j’ai eu l’occasion d’être engagée par une grande marque pour réaliser des portraits de ses clients, une expérience appréciée et qui m’a beaucoup plu. Je souhaite cette année développer ce type de valeur ajoutée artistique au service de l’entreprise, un environnement que je connais bien puisque j’en viens. On me propose aussi de réaliser une exposition de mes illustrations dans des bureaux entreprise. Si je peux contribuer à apporter de l’inspiration et de la couleur sur des lieux de travail, je serai peut-être enfin réconciliée avec les open space ! 🙂

 

 

 

 

Avec le recul, quel regard portes-tu sur ton parcours professionnel jusqu’à présent ?

Ma première partie de carrière en entreprise a été très enrichissante, notamment parce que j’ai eu la chance qu’on m’y fasse confiance sur plusieurs métiers différents. Je disais d’ailleurs toujours que mon moteur était l’évolution transversale (changer de sujet, apprendre) plutôt que l’évolution verticale (hiérarchique).

Avec le recul, je remarque que j’ai quand même toujours été fascinée par les parcours dits “atypiques”. Le fait de sortir de ses études d’origine, voire de les transgresser, pour construire son propre métier. En me rendant compte que c’est ce que je fais aujourd’hui, je me dis que le tournant que j’ai pris il y trois ans est assez courageux. Parce que quitter un poste de cadre dans un grande structure pour aller vers l’indépendance c’est aussi apprendre à apprivoiser un environnement et une nouvelle façon de travailler dont vous seul êtes le moteur. Avec l’énergie et l’enthousiasme que ça demande. Sans oublier les hauts et les bas de l’impermanence des choses que ça peut représenter.

 

 

Tu participes aussi au réseau Les Etincelles, qu’est-ce que ça t’apporte dans ton quotidien d’entrepreneure ?

De nouvelles rencontres avec des entrepreneures qui partagent des problématiques communes bien que travaillant dans des domaines très différents. Ca rend les partages d’expériences et de bonnes pratiques riches et inspirants

La taille des événements du réseau étant volontairement réduite, les conversations qui s’enclenchent sont vraiment de qualité.

Enfin, à titre personnel, c’est une bouffée d’air frais et de convivialité. Je pense que c’est dû à l’esprit que tu y insuffles, Estelle. L’humour et l’absence de langue de bois font qu’on peut s’y exprimer de façon authentique et aborder de vrais sujets, tout ça dans la bonne humeur.

 

 

 

 

Un message que tu aurais envie de partager avec nos lecteurs qui seraient en transition de vie professionnelle par exemple ?

Exprimez vos envies, même si elles n’en sont qu’au stade de rêve lointain ou qu’elles vous semblent encore un peu folles. En les formulant quand vous en avez l’occasion, elles prennent forme petit à petit  dans vos projets et, vous n’êtes pas à l’abri que l’interlocuteur à qui vous en faites part, heureux de vous indiquer un contact ou de d’enrichir vos idées, vous donne l’opportunité de les réaliser 😉

 

 

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