Gaëlle est la première personne avec qui j’ai pris un café, après avoir posé mes valises à Nantes.
Je cherchais un cours de dessin pour m’y inscrire. L’atelier a été annulé faute de participants, et j’ai proposé à Gaëlle que l’on se rencontre. Rencontre qui m’a permis de rencontrer Samuel et Johanne de Sam&Jo.
Vous le savez, à force de vous l’écrire ou de vous le dire, j’aime beaucoup les artistes 😉
Aujourd’hui, j’avais envie de partager le parcours de Gaëlle, professeure de dessin et créatrice de L’atelier la mélodie des couleurs.

 

Peux-tu nous retracer les grandes lignes de ton parcours professionnel, jusqu’à ce jour ?

Après mes études de communication visuelle, j’ai exercé en tant que graphiste indépendante à Bordeaux pendant 5 ans. Mais il m’était difficile d’en vivre (beaucoup de concurrence, pas douée pour la prospection…) et lorsqu’une opportunité dans le commerce s’est présentée, je l’ai saisie. J’ai travaillé dans un magasin de décoration pour la maison, dans le secteur « décoration créative », puis dans un magasin de produits beaux-arts.

 

En sortant de tes études, tu avais tout de suite envie d’être indépendante ?

Non, je souhaitais travailler en tant que salariée mais il était très difficile de trouver un poste dans le domaine de la communication visuelle. Nous commencions déjà à être nombreux sur le marché et en tant que jeune diplômée “sans expérience” malgré les stages, j’essuyais beaucoup de refus. Je ne me sentais pas prête à travailler à mon compte (j’étais d’une timidité maladive et je ne me sentais pas opérationnelle, j’avais encore tellement de choses à apprendre)  mais je l’ai fait par la force des choses, pour tenter de vivre du métier que j’aimais.

 

Aujourd’hui, quelle est ton activité ? Auprès de qui travailles-tu ?

J’ai commencé à donner des cours de dessin particuliers et à animer des ateliers créatifs à Nantes depuis septembre 2018. Pour l’instant, je propose mes ateliers dans les cafés coworking.
Il y a deux mois, j’ai trouvé un travail dans le commerce pour avoir une sécurité financière tout en développant mon activité.

 

Qu’as tu envie de transmettre à tes “élèves”, à travers le dessin et tes ateliers ?

J’ai envie de leur faire prendre confiance en eux, de les rassurer. Souvent, les participants se dévalorisent, ils veulent vraiment apprendre à dessiner mais ont peur parce que cela leur paraît insurmontable, trop technique. Le dessin est aussi un domaine particulier car il est intime, dessiner, c’est un peu se mettre à nu. Il reflète nos émotions, nos sentiments, nos pensées. Je souhaite que mes élèves se révèlent à travers la création, qu’ils osent exprimer leur personnalité et surtout qu’ils s’amusent, qu’ils prennent du plaisir.

 

J’ai pu me tester à l’aquarelle 😉

 

Est-ce que reprendre une activité salariée à côté a été quelque chose de difficile pour toi ? Comment vois-tu cela au regard de ton envie d’être indépendante ?

Oui, cela a été difficile. J’ai l’impression de revenir en arrière, de ne pas avoir avancé. Et d’un autre côté, j’ai eu le temps, avant de reprendre une activité salariée, de mettre en place des ateliers, de “tester” mes compétences et de revoir mon projet professionnel, de le peaufiner. Je sais dans quelle direction aller, ce que je veux, ce que je ne ferai plus, ce que je dois travailler. J’ai quand-même peur de ne pas avoir assez de temps pour pouvoir tout mener de front…

 

Quelle a été ta motivation à te relancer en tant qu’indépendante ?

J’ai fait des concessions sur le plan professionnel, j’avais besoin de m’épanouir. Je me suis toujours dit que je ne voulais pas avoir de regrets et j’aimerais, dans quelques années, pouvoir être fière de moi et aller travailler en me disant « j’adore mon travail » ! De plus, ma famille et mon compagnon me soutiennent dans cette aventure, ce qui m’apporte beaucoup de force. Une amie professeur de dessin à Saintes m’a aussi bien encouragée, ce qui m’a vraiment touchée et donné confiance en moi (j’admire son travail, alors quand elle m’a dit « lance-toi ! Tu en es largement capable ! » j’étais soulagée et rassurée par ses paroles.).

 

Tu as démarré ta nouvelle activité en 2018, en même temps que ton arrivée à Nantes. Etait-ce compliqué de gérer les deux changements, ou au contraire excitant ?

Pour moi, cela a été motivant, excitant, cela m’a apporté beaucoup d’énergie. A Bordeaux, où je vivais avant, je n’arrivais pas à créer quelque chose. C’était comme un blocage. J’avais l’impression d’avoir fait le tour de la ville, je ne m’y projetai pas professionnellement. Et je trouve la mentalité bordelaise particulière, il y a moins d’ouverture d’esprit, moins de curiosité qu’ailleurs. Et puis j’avais quitté mon poste dans le commerce avec une certaine rancoeur (pas de reconnaissance de la part de mes responsables hiérarchiques, j’avais beaucoup donné et je n’avais pas reçu grand chose en retour), j’étais fatiguée et déçue. Je pense qu’une page devait être tournée et le fait de découvrir une nouvelle ville, de rencontrer de nouvelles personnes, m’a donné l’envie de foncer, de saisir l’opportunité d’accéder à mon rêve.

 

En tant qu’artiste, quel regard portes-tu sur l’entrepreneuriat de manière générale ?

En tant qu’artiste la tête dans les nuages, je suis malgré tout consciente qu’il est très difficile de vivre de son art… Je garde cela en tête pour ne pas avoir trop mal si jamais mon projet ne devient pas pérenne.

Côté administratif, le choix du statut a été un peu compliqué (pas d’inscription à la Maison des Artistes car mon activité principale est l’enseignement) mais j’y suis arrivée grâce à des connaissances qui ont pu m’éclairer.

J’avoue ne pas trop apprécier toutes les démarches liées à l’entreprise, la comptabilité, la prospection etc.

 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la vie professionnelle que tu mènes aujourd’hui ?

La liberté ! Je suis la capitaine de mon projet, je gère mon temps, et je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même si quelque chose ne fonctionne pas !

Et surtout, j’adore ce que je fais. J’adore préparer mes cours, me documenter, apprendre de nouvelles choses et surtout donner aux autres. Le dessin est un peu une thérapie, je suis heureuse quand des personnes peu sûres d’elles au départ (“je ne sais pas dessiner”, “c’est moche”…) repartent après un atelier ravies d’avoir réalisé leur oeuvre et motivées pour continuer.

J’ai fait de belles rencontres que je n’aurais probablement pas faites dans un autre cadre. Mon projet m’aide et me donne l’impulsion pour aller voir les gens, pour échanger.

 

 

Quels sont les challenges que tu as envie de relever cette année ?

Cette année, j’aimerais travailler ma communication afin de faire connaître mes ateliers et les développer. J’aimerais travailler avec des écoles, animer des ateliers réguliers. Le fait d’avoir pu déjà animer des ateliers et donner des cours me rassure, je me sens légitime. Les bons retours que j’ai eus me confirment que je peux continuer. Mon but est de pouvoir quitter mon travail « alimentaire » pour me consacrer aux ateliers et aux cours que j’anime.

 

Avec le recul, quel regard portes-tu sur ton parcours professionnel jusqu’à présent ?

Je le trouve un peu chaotique mais finalement l’art est toujours présent. Je ne me serais jamais crue capable de monter ce projet et je m’étonne moi-même. Comme quoi, lorsque l’on est passionné, que l’on est entouré de personnes qui croient en nous, tout est possible.

 

Un message que tu aurais envie de partager avec nos lecteurs qui seraient en transition de vie professionnelle par exemple ?

Prenez du temps pour bien penser votre projet. Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je ne veux plus ?

Pensez à la question financière également, cela peut libérer l’esprit lorsque l’on est à l’abri sur ce plan-là pendant le développement de son entreprise/projet.

N’hésitez pas à participer à des ateliers, des rencontres, qui pourront vous apporter de bonnes informations, de belles rencontres, des opportunités professionnelles, une richesse humaine et qui vous aideront à vous remotiver en cas de coup dur.

Et surtout croyez en vous, faites-vous plaisir !

 

L’atelier la mélodie des couleurs
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